Pendant longtemps on a pensé la souche d’abeilles dotée du privilège tant convoité de la vie éternelle. Sauf qu’aucun organisme vivant sur cette Terre n’échappe au vieillissement de sa nature, et donc à sa fin programmée.
Or chez les colonies d’abeilles, les cellules (les abeilles elles-mêmes) sont renouvelées en permanence par la ponte de la reine. Celle-ci, tout comme ses sujettes, n’échappe au renouvellement tous les 4 ou 5 ans. On pourrait donc trouver les traces d’un vieillissement autre part ! C’est par le squelette que viendra s’immiscer le vieillissement de la colonie.
Les cires issues de la sécrétion des glandes cirières ont à leur origine d’une absolue pureté : blanches, d’une consistance élastique et modulable, assemblées dans une géométrie parfaite. Ce squelette, garni de la population d’abeille, a pour fonction de servir de lieu de stockage des matières premières : miel, pollen, propolis. Mais aussi, grâce aux cellules centrales du nid, il est le lieu d’élevage du couvain : la nurserie.
Au cours des années, l’ensemble des bâtisses sont victimes d’une multitude d’agressions : impuretés transportés par les abeilles, répartitions successives faites avec la cire recyclée de plus ou moins bonne qualité, mélange du vieux pollen et de propolis, fermentations épisodiques du miel et du pollen, déchets organiques d’abeilles et de larves mortes, attaques périodiques de la teigne…
Le squelette, avec le temps, montre son ancienneté et la perte de ses qualités en prenant une couleur sombre, qui peut aller jusqu’au noir. Mais, surtout, les cellules destinées au couvain reçoivent avant chaque ponte de la reine la visite d’une abeille qui va tapisser leur intérieur d’un cocon de soie. Avec le temps et les milliers de générations d’oeufs pondus, ces soies vont former une certaine épaisseur qui, en s’accumulant, va rétrécir le volume de la cellule.
Ce rétrécissement va grandement influencer sur la taille des abeilles au point que l’on pourra juger de l’ancienneté d’une souche à la taille de ses abeilles. Il y aura donc bien une fin de vie pour les souches dont le squelette, en plus d’avoir perdu ses qualités d’isolation, mécaniques et hygiéniques, entraînera les abeilles dans une implacable dégénérescence.
Méthode d'essaimage
Dans l’apiculture d’accompagnement des abeilles en ruche tronc, il existe une méthode de transvasement qui permet la régénération de toutes les cires de la ruche, nid à couvain inclus. La méthode consiste à faire migrer toute la colonie d’une ruche vieillissante à une ruche saine et vide.
C’est par l’opération du tapotement que l’on parviendra à réaliser ce changement d’habitation. Ainsi, la colonie devient un essaim qui va devoir réorganiser sa vie et, par-là, reconstruire des cires neuves. Ne reste plus q’uh éliminer et fondre toutes les cires de l’ancienne ruche.
Cette technique apicole à le double avantage de donner à la colonie un surcroît d’énergie et un avenir tout neuf. L' »esprit essaim » provoqué par le tapotement et l’obligation d’avoir à rebâtir des rayons donnent à la colonie un « coup de jeune » et l’énergie qui va avec. »
Extrait du livre « La ruche tronc, une apiculture d’accompagnement des abeilles » de Henri Giorgi
Comments